Ayant servi d'une façon exemplaire, le père d'Onéguine ne vivait que de
dettes. Il donnait trois grands bals chaque hiver, et il finit par se
ruiner. Mais le destin veillait sur son fils Eugène. Dans son enfance,
une madame prit soin de lui; puis un monsieur la remplaça. Ce monsieur,
pauvre abbé français, pour ne point tourmenter l'enfant, lui apprit tout
en plaisanterie; il ne l'ennuyait point d'une morale trop sévère, le
grondait doucement de ses fredaines, et le menait promener au Jardin
d'Été.
Quand vint pour Onéguine l'époque des orages de la jeunesse, des
espérances immodérées et des tendres rêveries, M. l'abbé fut congédié !
Voilà mon Onéguine libre comme l'air. Les cheveux coupés à la dernière
mode, habillé comme un dandy de Londres, il fit dans le monde son
entrée. Il parlait et écrivait fort bien le français, dansait
correctement la mazourka, et saluait avec grâce. Que faut-il de plus?
Le monde décida qu'il était charmant et plein d'esprit.
Nous avons tous, par petites bribes, appris fort peu de choses et fort
mal, de sorte qu'il n'est pas difficile, grâce à Dieu, de briller chez
nous par l'éducation. Onéguine était, de par la décision d'une foule de
juges compétents et sévères, un garçon plein de science, mais pédant. Il
avait l'heureux talent de tout effleurer dans une conversation; de
garder le silence, avec l'air profond d'un connaisseur, dans une
discussion sérieuse, et d'exciter le sourire des dames par un feu
roulant d'épigrammes inattendues.
Le latin est passé de mode aujourd'hui. Aussi, à vrai dire, savait-il
juste assez de latin pour déchiffrer une épigraphe, pour donner son
opinion sur Juvénal, pour mettre Vale à la fin d'une lettre, et, dans
les grandes occasions, pour citer, non sans fautes, deux vers de
l'Énéide. Il n'avait aucun goût pour fouiller la poussière chronologique
des légendes humaines; mais toutes les anecdotes des temps passés,
depuis Romulus jusqu'à nos jours, étaient gravées dans sa mémoire.
N'ayant jamais eu la passion étrange d'user sa vie à la recherche de
vains sons, il ne put jamais, malgré tous nos efforts, distinguer un
dactyle d'un spondée. Il se moquait d'Homère, de Théocrite; mais, en
revanche, il prisait fort Adam Smith. Il était un profond économiste,
c'est-à-dire qu'il savait raisonner sur les causes de la richesse d'un
État, et dire comment cet État subsiste, et pourquoi il n'a nul besoin
d'or quand il a des produits naturels. Son père ne put jamais le
comprendre, et continua à engager ses biens.
Inutile d'ajouter tout ce que savait encore Onéguine. Mais en quoi il
avait un vrai génie, ce qu'il savait mieux que toute autre science, ce
qui avait été pour lui, dès sa jeunesse, un travail, un tourment, une
jouissance, ce qui occupait du matin au soir sa paresse inquiète,
c'était la science de la tendre passion qu'a chantée Ovide, et pour
laquelle il dut finir dans les souffrances sa vie brillante et orageuse,
exilé en Thrace, au fond des steppes désertes, loin de sa chère Italie.
Oh ! comme il savait feindre, cacher son espérance, montrer de la
jalousie, faire croire et faire cesser de croire, prendre l'air sombre
et désespéré, paraître tantôt fier et tantôt docile, plein d'attention
ou plein d'indifférence ! comme il savait garder un silence langoureux
ou développer une éloquence enflammée ! comme il savait donner une
heureuse négligence aux effusions de cœur de ses lettres ! comme il
savait n'avoir qu'une pensée, qu'un but, s'oublier lui-même ! comme son
regard, rapide ou tendre, timide ou hardi, savait à l'occasion se voiler
d'une larme obéissante !
Ah ! oui, il savait paraître toujours nouveau, étonner l'innocence par
une lointaine allusion, l'effrayer par un désespoir de commande,
l'amuser par une aimable flatterie; il savait saisir l'instant de
l'émotion, vaincre par le raisonnement ou la passion les préjugés de
l'adolescence, attendre la première faveur involontaire, supplier, puis
arracher l'aveu, appeler et faire répondre le premier accent du cœur,
s'obstiner dans sa poursuite, obtenir enfin une entrevue secrète, et
triompher par la solitude et le mystère.
Il avait su de bonne heure émouvoir même le cœur des coquettes de
profession. La médisance la plus acérée était à ses ordres quand il
fallait annuler des rivaux et les faire tomber dans ses filets; mais
vous, heureux maris, vous restiez toujours ses amis. Tous le
caressaient: et le rusé disciple de Faublas, et le vieillard
soupçonneux, et le majestueux trompé, toujours content de lui-même, de
son dîner et de sa femme.
Il est encore au lit, que déjà on lui apporte des billets. Qu'est-ce?
des invitations, précisément. Dans trois maisons il est prié pour la
soirée. Là, un bal; ici, une fête d'enfants. Où ira-t-il? par où
commencera-t-il? Eh bien, il ira partout. Cela décidé, en toilette du
matin, un large bolivar sur la tête,
Onéguine part pour le boulevard de l'Amirauté, et s'y promène
nonchalamment jusqu'à ce que sa vigilante montre de Bréguet ait marqué
l'heure du dîner.
Déjà la nuit vient; il se jette dans un traîneau, et le cri de gare !
gare ! retentit. Son collet de poil de castor s'argente d'une fine
poussière glacée. Il arrive chez Talon, sûr que Kavérine
l'y attend. Il entre, et le bouchon saute au plafond; le vin de la
comète jaillit. Il entre, et voici déjà devant lui le roastbeaf
saignant, et les truffes chères au jeune âge, et toute la fleur de la
cuisine française, et l'inaltérable pâté de Strasbourg, entre le
succulent fromage de Limbourg et l'ananas aux flancs dorés.
La soif demande encore des verres pour arroser la graisse brûlante des
côtelettes; mais le son de la pendule annonce qu'un nouveau ballet
vient de commencer. Législateur exigeant de la scène, adorateur
inconstant des séduisantes actrices, citoyen émérite des coulisses,
Onéguine s'élance vers le théâtre, où chacun, s'érigeant en critique,
tantôt applaudit un entrechat, tantôt siffle Phèdre ou Cléopâtre, et
toujours pour se faire remarquer.
Séjour enchanteur ! Là, naguère, brillait le hardi maître de la satire,
l'ami de la liberté, von Wiesin,
et le facile imitateur Kniajinine;
là, Ozérof
partageait avec la jeune Séménof
le tribut des larmes et d'applaudissements arraché à tout le public;
là, notre Katénine
a ressuscité le mâle génie de Corneille; là, le piquant Chakovskoï
a lâché le bruyant essaim de ses comédies; là, Didelot s'est
couronné de gloire; là, là, à l'ombre des coulisses, mes jeunes années
se sont envolées rapidement.
Ô mes déesses ! où êtes-vous? qu'êtes-vous devenues? Écoutez ma voix
plaintive. Êtes-vous encore là, ou d'autres beautés vous ont-elles
succédé sans vous remplacer? Entendrai-je encore vos chants? verrai-je
encore le vol léger de la Terpsichore russe? Ou bien mon triste regard
ne doit-il plus revoir les visages connus sur la scène éplorée par votre
absence? Et, spectateur indifférent du plaisir d'autrui, sous mon
lorgnon désenchanté, vais-je bâiller silencieusement en me rappelant mon
passé?
Le théâtre est plein. Les loges rayonnent. Le parterre bouillonne et les
stalles s'agitent. Le paradis impatient bat des mains. La toile
s'envole. Alors, étincelante, aérienne, obéissant à l'archet magique, et
entourée d'un cortège de nymphes, paraît Estomina. Rasant à peine
le sol d'un pied agile, elle tourne lentement sur elle-même, puis elle
bondit, s'élance, s'élance comme un duvet qu'emporte le souffle d'Éole,
ploie et déploie sa taille, et frappe son pied de son pied rapide.
Tous applaudissent. Entre Onéguine; il marche sur les pieds à travers
les fauteuils; il dirige, en faisant la moue, son double lorgnon sur
les loges occupées par des dames inconnues; puis, après avoir parcouru
tous les rangs de spectateurs, il se déclare fort mécontent de tout, des
figures, des toilettes; il échange des saluts avec les gentilshommes,
jette un regard distrait sur la scène, se détourne, et dit au milieu
d'un bâillement: "Il est temps de les chasser tous; j'ai longtemps
souffert les ballets, mais Didelot lui-même me devient insupportable."
Les Amours, les Diables, les Dragons sautent et tournent encore sur la
scène; les laquais fatigués dorment encore dans le vestibule sur les
pelisses de leurs maîtres; on n'a pas encore cessé de frapper des
pieds, de tousser, de se moucher, d'applaudir; les quinquets brillent
encore au dedans et au dehors du théâtre; les chevaux, couverts de
givre, continuent à piétiner sur place, tandis que les cochers, autour
des grands feux, maudissent les plaisirs de leurs seigneurs et se
réchauffent les mains en se frappant les uns les autres; et déjà
Onéguine a quitté le théâtre. Il rentre à la maison pour faire sa
toilette.
Peindrai-je, dans un tableau fidèle, le cabinet solitaire où
l'exemplaire nourrisson de la mode s'habille, se déshabille et se
rhabille? Tout ce que l'esprit mercantile de Londres nous apporte sur
les flots de la Baltique en échange de nos bois et de nos suifs; tout
ce que le goût insatiable de Paris invente pour notre luxe, nos
fantaisies, nos plaisirs; tout cela décorait le cabinet d'un philosophe
de vingt ans:
Ambre sur les grandes pipes de Constantinople; porcelaines et bronzes
sur les meubles; cristaux à facettes remplis d'essences; peignes,
limes en acier, ciseaux droits, ciseaux tordus, brosses de trente
espèces pour les ongles et pour les dents. Cela me fait penser que
Rousseau n'a jamais pu comprendre comment l'austère Grimm se permettait
de se nettoyer les ongles en sa présence. Le défenseur de la liberté et
des droits, en cette circonstance, n'avait pas le sens commun.
On peut être un homme raisonnable et avoir la manie de soigner ses
mains. Ne disputons jamais contre l'opinion du monde; la coutume est le
seul despote sur la terre. Craignant par-dessus tout le blâme qui
s'attache aux misères, Onéguine était très-recherché dans sa toilette.
Il était capable de passer trois heures entre des miroirs, et il sortait
de son boudoir semblable à la pimpante Vénus, si, vêtue d'un habit
d'homme, elle se rendait au bal masqué.
Je pourrais, à cette heure, occuper le monde savant par une description
minutieuse d'une toilette à la dernière mode; mais, pantalons, fracs,
gilets, ce sont des mots qu'on ne trouve pas dans la langue russe, et je
vois déjà, je l'avoue à ma honte, que mon pauvre style aurait pu se
moins bigarrer de mots étrangers. Mais il y a trop longtemps que je m'ai
pu mettre le nez dans notre grand dictionnaire de l'Académie.
Nous avons autre chose à faire. Partons plutôt pour le bal, lecteur, où
déjà Onéguine a galopé dans une voiture de louage. Le long de la rue
endormie, devant les maisons sombres, les doubles lanternes des voitures
rangées à la file laissent tomber sur la neige de petits arcs-en-ciel
lumineux. Un splendide palais se dresse, tout illuminé d'un cercle de
lampions. Des ombres passent sur les glaces sans tain des fenêtres. Ce
sont des profils, tantôt de femmes charmantes, tantôt d'originaux à la
mode.
Notre héros est déposé sur le perron. Il passe rapidement devant le
suisse, s'élance sur les degrés de marbre, et, ébouriffant ses cheveux
d'un coup de main, il fait son entrée. Le salon est plein de monde. La
musique semble fatiguée du tapage qu'elle a déjà fait. C'est la mazourka
qui retentit. Il y a foule et bruit partout. Les éperons des officiers
résonnent; les petits pieds des dames volent sur le parquet, et des
regards enflammés volent aussi sur leurs traces, tandis que le
grincement des violons étouffe mille sortes de murmures jaloux et
caressants.
Au temps des plaisirs et des désirs irrésistibles, j'étais fou des bals.
Il n'y a pas d'endroit plus sûr pour risquer une déclaration ou glisser
un billet. Ô vous, maris que je respecte à présent, faites attention à
mes paroles, car je désire vous être utile. Et vous aussi, mamans,
prenez bien garde à ce que font vos filles. Tenez vos deux yeux bien
ouverts; sans cela, que Dieu vous garde ! Je parle ainsi maintenant,
parce qu'il y a longtemps que je ne pèche plus.
Hélas ! j'ai sacrifié une bonne part de ma vie à de vains amusements.
Mais si les mœurs n'en souffraient pas trop, j'aimerais les bals même à
présent. Je me plais à la franche folie de la jeunesse, à l'éclat, à la
joie, à la foule pressée, aux toilettes savantes des dames. J'adore
leurs petits pieds; mais, par malheur, c'est à peine si vous trouveriez
dans toute la Russie trois paires de jolis pieds de femme. Une surtout...
longtemps je n'ai pu l'oublier; triste et renfrogné que je suis, elle
revient encore à mon souvenir, et, jusque dans mon sommeil, j'en entends
le doux frôlement.
Insensé ! où, quand, dans quel désert, pourras-tu donc oublier le
passé? Et vous, pieds charmants, où êtes-vous à cette heure? où
foulez-vous les fleurs du printemps? Choyés dans la paresse orientale,
vous n'avez pas laissé de traces sur la neige de nos tristes climats.
Vous n'aimiez que le doux attouchement des moelleux tapis. Combien de
temps y a-t-il que j'oubliai pour vous et la soif de la gloire dont je
suis dévoré, et la contrée de mes pères, et l'exil où je languis? Tout
ce grand bonheur de mes jeunes années a disparu comme la trace légère
laissée sur les champs qu'effleuraient vos pas.
Le sein de Diane, les joues de Flore sont charmants, je l'avoue; mais
le pied de Terpsichore est plus attrayant pour moi. Je l'aime, Elvina,
sous les longues nappes des tables de banquet, au printemps sur l'herbe
des prairies, en hiver sur le fer des cheminées, sur le parquet
miroitant des salons, sur le granit des rochers qui bordent la mer.
Je me souviens d'une mer soulevée par l'ouragan. Comme je portais envie
aux flots qui accouraient se pressant l'un l'autre pour se coucher
amoureusement à ses pieds ! Comme j'aurais voulu venir avec les flots
toucher de mes lèvres ces pieds charmants ! Non, jamais, au milieu des
élans de ma jeunesse emportée, je n'ai souhaité avec tant d'ardeur les
lèvres des jeunes Armides, ou les roses de leur visage ! Non, jamais la
passion n'avait si fortement ébranlé mon âme !
Je me souviens d'un autre temps encore. Dans mes pensées, je me vois
tenant un heureux étrier, et je sens le doux poids d'un pied dans ma
main. Mon imagination s'enflamme à ce souvenir, et mon cœur se met à
battre comme alors. Mais c'est assez célébrer des coquettes sur ma lyre
bavarde; elles ne valent ni les passions ni les chants qu'elles
inspirent. Les paroles et les regards de ces enchanteresses sont
trompeurs à l'égal de ces pieds que j'ai trop chantés.
Et mon Onéguine ! à demi sommeillant, il retourne du bal dans son lit,
tandis que tout Pétersbourg est déjà réveillé par le bruit de
l'infatigable tambour. Les marchands se lèvent; un vendeur des rues a
déjà crié; l'isvochtchik se
dirige lentement vers la station de son attelage; la laitière, ses pots
en équilibre sur l'épaule, marche allègrement en faisant crier sous ses
pas la neige compacte; les bruits agréables du matin s'éveillent; les
volets s'ouvrent; la fumée des poêles monte en spirale bleuâtre, et le
boulanger, allemand ponctuel, coiffé d'un bonnet de coton, a plus d'une
fois ouvert son vasistas.
Cependant, fatigué des travaux du bal et changeant le jour en nuit, dort
tranquillement dans une ombre heureuse l'enfant gâté du luxe et des
plaisirs. Il se réveille après midi, s'habille, et voilà de nouveau
préparée jusqu'au lendemain sa vie monotone et bigarrée. Et demain sera
ce qu'était hier. Mais était-il vraiment heureux, mon Onéguine, libre, à
la fleur des plus belles années, rassasié de conquêtes brillantes et de
plaisirs renouvelés chaque jour? Lui servait-il à quelque chose d'être
toujours imprudent et toujours bien portant au milieu des festins?
Non. La sensibilité s'émoussa bientôt en lui. Le bruit du monde le
fatigua; les beautés ne furent plus l'objet constant de ses pensées.
Les trahisons même finirent par le trouver indifférent. L'amitié
l'ennuya aussi bien que les amis. Et puis, il ne pouvait cependant pas
toujours arroser d'une bouteille de Champagne des beafsteacks et des
pâtés de foie gras, et semer des mots piquants lorsqu'il avait mal à la
tête. Et bien qu'il eût le sang vif, il cessa de trouver du charme à la
perspective d'une pointe de sabre ou d'une balle de pistolet.
Une certaine maladie, dont il serait vraiment bon de rechercher la
cause, que les Anglais nomment spleen, et nous autres Russes khàndra,
s'empara de lui peu à peu. Il n'essaya point de se brûler la cervelle,
mais il se refroidit complètement dans son amour de la vie. Un nouveau
Childe-Harold, moitié farouche, moitié languissant, apparaissait dans
les salons. Rien ne semblait le toucher, ni les caquets du monde, ni le
boston, ni un regard attendri, ni un soupir indiscret. Il ne remarquait
plus rien.
Ô vous, coquettes du grand monde, il vous abandonna avant tout le reste.
On doit avouer que, de notre temps, la vie du haut ton n'est pas mal
ennuyeuse. Bien que certaines dames sachent citer Say et Bentham, en
général leur conversation se compose de balivernes insupportables,
quoique innocentes. En outre, elles sont si impeccables, si
majestueuses, si pleines de science, si riches de piété, si méticuleuses
et si inabordables aux hommes, que leur vue seule engendre l'ennui.
Et vous, faciles beautés que de rapides droschkis entraînent, à la nuit
tombante, sur le méchant pavé de Pétersbourg, vous aussi, Onéguine vous
abandonna. Renégat des jouissances bruyantes, il s'enferma dans sa
maison. Il prit une plume, en bâillant, et voulut écrire; mais tout
travail suivi lui était insupportable. Rien ne sortit de sa plume, et il
ne put devenir membre de cette confrérie querelleuse que je ne juge
point puisque j'en fais partie moi-même.
Et de nouveau, ressaisi par le far niente, il se rassit devant sa table